Piquée en chemin

Qui est donc O.C. ? Cet éminent confrère apparaît ce jour sur la page d’accueil actus de Google, une disposition favorable qui témoigne d’une belle plume. Enfin, je crois.

Las ! Le titre de l’article n’étant pas passé ni devant la sagacité d’un secrétaire de rédaction ni devant les automatismes hasardeux d’un correcteur orthographique, Google affiche donc en pleine page la faute magistrale : 4e licence 3G : attaque en piquée de BouyguesTel contre Free.

Ah, les coquilles sont des choses qui arrivent, particulièrement chez les journalistes web, soumis à un rythme infernal comme le démonte avec brio le site bakchich.fr dans un papier descriptif assez lumineux intitulé « les journalistes web, ces nouveaux ouvriers spécialisés de la presse. »

Cependant, l’ami O.C. excelle dans l’art du lieu commun, au point de mériter directement une entrée dans notre top ten de cette semaine, qui ne compte il est vrai qu’une place. Il parle avec brio d’un acteur du marché de la téléphonie qui répète des tas de choses passionnantes « depuis de longs mois » (ça fait moins court qu’un mois normal, et surtout l’information reste utilement vague et inconsistante). En face , « Martin Bouygues, patron du groupe éponyme, n’y va pas par quatre chemins. » Rappelons aux distraits qu’éponyme signifie « qui donne son nom à « .  Le sieur Martin aurait donc été appelé Bouygues en hommage au groupe immobilier, ça va de soi.  En plus, il n’y va pas de main morte pour se moucher du coude avec le dos de la cuiller, grâce à cet astucieux refus d’un quatuor routier.

Plus loin, O.C. nous gratifie de « menaces (…) à peine voilées« , de « scénario qui semblait (…) tenir la corde. », puis d’une répétition de haut vol : « Un autre scénario est à l’étude : les fréquences seraient attribuées en trois lots (..), en favorisant l’attribution à un nouvel entrant. Ces deux scénarios favoriseraient évidemment Iliad-Free ». Reste à savoir quel scénario recueille votre faveur.

Une brève étude nous apprend qu’O.C. affectionne ce qui se rapporte aux chemins, comme le montre une recherche Google croisée des chemins » « O.C.  » site:www.silicon.fr , qui retourne plusieurs papiers :
– « Les netbooks à la croisée des chemins »
– « Car le groupe est à la croisée des chemins ».
-« Dailymotion et ses concurrents  sont aujourd’hui à la croisée des chemins. »
-« la taxe pour la copie privée est à la croisée des chemins »
-« 
le marché français de la pub en ligne est à la croisée des chemins »
-« Un marché à la croisée des chemins puisque … »
–  » le marché est aujourd’hui à la croisée des chemins »
– « La TVHD à la croisée des chemins »
– « Vanco est donc à la croisée des chemins »
-« si le secteur a retrouvé le chemin de la croissance, il est aussi à la croisée des chemins »
-« Il faut dire que le marché est à la croisée des chemins »
-« La mobilité professionnelle est à la croisée des chemins »

On en retrouve un peu moins pour quatre chemins, depuis « Le redouté cabinet d’analyses n’y va pas par quatre chemins » jusqu’à « Jean-Louis Destans, n’y va pas par quatre chemins ».

Au total O.C.  témoigne d’une ferveur suspecte pour ce vocable. Compostelle n’est pas loin, Rome non plus.

Advienne que pourra.

2 réponses à “Piquée en chemin

  1. Jean-Claude Tergal

    Les journalistes, ils sont toujours moins lâches que toi, qui signe d’un pseudo pour leur pisser ton aigreur au visage.

    • Certes, certes.
      Cependant, est-ce que signer un papier évite l’erreur ? Et doit-on refuser la critique ? J’ai la plus grande estime pour O.C en particulier et pour les journalistes en général. Lorsqu’ils sont journalistes, cela va de soi, mais les salles de rédaction ne manquent pas d’êtres qui ne portent que le titre.
      Par ailleurs, faut-il nécessairement signer pour avoir le droit de critiquer ? Et si l’on prenait la critique juste pour ce qu’elle est : soit ce que je dis est un tissu d’âneries, soit cela contient une part de vérité. Dans les deux cas, que je le signe ou pas n’a guère d’importance. Si la critique doit être nommée, c’est peut-être pour que l’on puisse clouer au pilori le critique à son tour, qu’en pensez-vous ? Enfin, je crois qu’il faut se méfier de la critique gratuite, sans fondement, mais louer la critique mesurée. Ce billet ne donne pas mon opinion, ni mon aigreur, il donne des chiffres. Je ne sais pas si vous voyez la différence, cher Jean-Claude ?
      Si par hasard O.C. tombe sur ce petit billet, il en concevra je suppose une légitime exaspération, mais si c’est un garçon intelligent il se demandera s’il ne serait pas, des fois, utile de rayer certains vocables de son lexique. Ou pas. Chacun sa vérité, n’est-ce-pas.

Répondre à Charlot Corday Annuler la réponse.